jeudi 19 mai 2016

Catulle : sa vie, ses amours, sa poésie



La poésie est un genre qui a traversé tous les siècles et de ce fait était déjà présent durant l’Antiquité. Catulle est un des plus célèbres poètes de cette époque dont une œuvre importante nous est parvenue. Sa vie a été caractérisée par des histoires amoureuses complexes qui seront source d’inspiration. On se demandera alors comment ses amours ont influencé son œuvre. Pour cela, nous vous présenterons dans une première partie sa vie et ses amours de façon succincte puis en détail, sa passion envers Lesbie et enfin, l’évocation de Lesbie dans ces poèmes. 


I)                   Sa vie et ses amours

Catulle, de son nom latin Caius Valerius Catullus, est un poète, « poeta, ae », latin né en 87 av. J-C à Vérone sur le lac Benacus et mort vers 54 av J-C à Rome d'une tuberculose. Il a vécu principalement sous le siècle de Cicéron et de Jules César qu'il détestait bien qu'on parle de réconciliation avec Jules César en 54 av. J-C. Son père était l'hôte de César. Il hérita de lui, un assez riche patrimoine. Catulle vient à Rome pour compléter son  éducation. Il fut protégé par le grand orateur Hortensius, poète lui-même, et par l'historien Cornelius Nepos, son compatriote. Vers 60 av. J-C, il perdit son frère, « frater, ris », tendrement aimé, qui mourut en Troade, dans un voyage dont le motif nous est inconnu. De 62 à 58 av. J-C, il vit une liaison éprouvante avec Lesbie (Lesbia) que nous évoquerons en détail par la suite.
Parallèlement, Catulle éprouve un amour non partagé pour un jeune Romain, Juventius, auquel il dédie également de nombreux poèmes. On peut citer comme œuvres issues de cette inspiration : le poème "Au jeune juventius" ou encore celui "A Juventius" qui constituent des déclarations d’amour. « O qui flosculus es Juventiorum, / Non horum modo, sed quot aut fuerunt / Aut posthac aliis erunt in annis » = « O toi, la fleur des Juventius, non seulement de ceux d'aujourd'hui, mais de tous ceux qui furent ou qui seront plus tard dans les autres années ». « Mellitos oculos tuos, Juventi, / Si quis me sinat usque basiare, / Usque ad millia basiem trecenta, / Nec unquam saturum inde cor futurum est » = « Tes yeux doux comme du miel, Juventius, s'il m'était donné de les baiser sans cesse, trois cent mille baisers ne pourraient assouvir mon amour ».
Cependant, Juventius, lui, donne son amour à Furius, un autre poète, ce qui met en rage Catulle. A noter que l'amour (« amor, oris ») pour un jeune homme est jugé ridicule voire humiliant dans la Rome antique. En 57 av. J-C, après sa rupture avec Lesbie, Catulle part en Bithynie nourrir une brève période militaire avec son ami Memmius.
Son œuvre est majoritairement composée de pièces lyriques évoquant ses amours tumultueuses avec Lesbie et de poèmes érudits comme Les Noces de Thétis et de Pélée ou encore La Chevelure de Bérénice. Le poète est aussi l'auteur de pièces érotiques d'une très grande vulgarité et de poèmes d'amour sensibles parlant par exemple de la mort de son frère. Il a écrit 116 poèmes et le plus long compte 400 vers. Influencé par l'alexandrinisme (= ensemble des mouvements intellectuels artistiques de  la civilisation d'Alexandrie entre le IIIe siècle avant J.C. et le IIIe  siècle après), son œuvre s'inscrit dans différents genres : l’épigramme (= courte pièce de vers d'intention satirique qui se termine par un trait piquant), l’élégie  (= petit poème lyrique sur un sujet le plus souvent tendre et triste) et l’idylle (= petit poème chantant ordinairement l'amour dans un décor pastoral). La vie de l'auteur est faite de bonheurs et de désillusions, hantée par le sentiment de l'inéluctabilité de la mort.


II)                 Son histoire d'amour complexe avec Lesbie

De 62 à 54 avant Jésus-Christ, Catulle va avoir une liaison avec Lesbie qui lui inspirera beaucoup de ses poèmes comme nous l’avons dit précédemment. Lesbie est en réalité connue sous le nom de Claudia. Elle est issue de la gens des Claudii, une des plus anciennes et des plus renommées familles de Rome. Elle serait l'épouse du consul Quintus Metellus Celer et la sœur de Clodius Pulcher, un homme politique romain, démagogue (courant politique dans lequel les dirigeants mènent le peuple en le manipulant pour s'attirer ses faveurs, par exemple en utilisant des discours flatteurs) et adversaire de Cicéron.
Selon Apulée, un auteur africain ayant vécu de 125 à 170 après J-C, « Lesbia » serait en réalité un nom de plume inventé par Catulle et donné à sa maîtresse en l'honneur de la poétesse grecque Sappho qui vivait sur l'île de Lesbos, où elle tenait une école pour femmes qui apprenaient l'érotisme et la poésie.
Claudia est suspectée d'avoir empoisonné son mari, d'avoir eu plus de 300 amants et d'avoir entretenu une relation incestueuse avec son frère, une pratique non courante mais plus ou moins tolérée à cette époque. En 63 avant Jésus-Christ, Claudia épouse Metellus Celler, gouverneur de la Gaulle qui meurt l'année suivante.
Cette femme est célèbre à Rome de par sa beauté et ses mœurs libertines. Elle tient à Rome un salon que la plupart des politiques et des intellectuels de l'époque fréquentent. Catulle rencontre Claudia dans le monde aristocratique qu'il fréquente à Rome. Bien qu'elle soit mariée, il s'en accommode ainsi que de ses infidélités passagères. Lorsqu'il perd son frère, Catulle souffre de l'indifférence de Claudia face aux évènements. Cependant, il arrive un moment où il ne peut plus supporter ses rivaux. En effet, lorsqu'il apprendra les trop nombreuses conquêtes de sa maîtresse, il ne le lui pardonnera jamais et la maudira.
Catulle a consacré environ la moitié de son œuvre à cette femme, écrivant des poèmes, parfois élogieux, parfois injurieux afin de critiquer son amante l'ayant déçu. Les sentiments qu'un homme pouvait nourrir à l'égard d'une femme avaient, chez les Romains, quelque chose de ridicule, de dégradant, voire d'humiliant. La relation homme-femme était le plus souvent conçue dans une perspective de procréation et revêtait souvent un caractère vénal. La passion amoureuse était presque, pour ainsi dire, indigne d'un homme libre et d'un citoyen romain. De plus, Catulle aimait aussi bien les hommes que les femmes.
Claudia n'était pas non plus aimée de Cicéron qui la surnomma Quadrantaria (petite pièce de bronze, la plus petite monnaie du monde romain). En effet, il aurait dit : « On donnait à Claudia le surnom de Quadrantaria, parce qu'un de ses  amants lui avait envoyé, dans une bourse, de petites pièces de cuivre,  au lieu de pièces d'argent. Or, les Romains appellent quadrans la plus  petite de leur monnaie de cuivre», Cicéron, Plutarque, 28. Cicéron va même jusqu'à dire que c'est une prostituée de bas étage.


III)               L'évocation de Lesbie dans ces poèmes

Catulle étale sa passion au grand jour, le plus souvent inassouvie et malheureuse : il ne manque ni de courage, ni du sens de la provocation. C'est en ce sens qu'on peut le considérer comme un précurseur du genre élégiaque : forme de poème dans l'Antiquité, avant de devenir un genre poétique à partir de la Renaissance. L’adjectif élégiaque s’emploie pour qualifier un ton, un thème, un poème plaintifs ou mélancoliques.
De plus, Catulle fait partie d'un mouvement de jeunes poètes qui ont renouvelé la poésie. A noter que Cicéron n'apprécie pas les poètes novateurs qu’il appelle les « neôteroi » en grec, c'est-à-dire « les petits jeunes ». C'est ainsi que le mouvement du néotérisme est né, ces poètes se dénommant alors « Poetae Noui ».
Catulle est considéré comme un poète lyrique. Il atteint les sommets de l'art par un mélange de violence et de douceur, d'injures et d'éloges, tout en restant sincère.
Catulle a réuni ses poèmes dans un recueil qu'il a dédié à Cornélius Népos. Ce recueil comprend trois parties: la première renferme de courtes pièces sur des sujets divers, tendres, passionnés, violents, sarcastiques; la deuxième comprend les grands poèmes, épiques ou élégiaques. Enfin, la troisième partie contient une quarantaine d'épigrammes.
L'amitié joue un rôle prépondérant dans toute l'œuvre de Catulle. Il est, en effet, très attaché à Lesbie, le premier amour de sa vie, à son frère, sur le tombeau duquel il se recueillera lors de son propre voyage à Troie, et à ses amis. Or, ces amours sont souvent soldés par des échecs : Lesbie le trompe, son frère meurt et ses amis le déçoivent. Cette souffrance transparaît dans la grande majorité de ses poèmes.
Dans ses poèmes on peut voir, l'évolution de son amour pour Lesbie, avec premièrement le poème  "Ad Lesbiam" qui décrit son amour pour Lesbie. Dans ce poème, il y a une description hyperbolique de son amour pour Lesbie avec des mots tels que « atque amenus » « nous aimer » ; « basia mille » « mille baisers ». Il décrit également son amour charnelle avec Lesbie, mais parle aussi beaucoup de la critique qu'il peut recevoir par rapport à sa relation avec Lesbie, et selon lui il faut profiter avant que la fin n'arrive (« Carpe Diem »). Les six premiers vers constituent une philosophie épicurienne, avec une réflexion, tandis que les vers 7 à 13 inclus sont une invitation plus « concrète » à des gestes d’amour. On peut voir dans ce poème les principaux sentiments qu'éprouvent Catulle pour Lesbie, sentiment d'amour et de jalousie qui luttent entre eux.
Ensuite dans un second poème, on peut voir qu'à travers une métaphore animale, Catulle décrit son amour pour Lesbie. Notamment dans le poème "Fletus passeris Lesbiae" avec des expressions telles que « deliciae meae puellae » -> « plaisir de ma maitresse », « Et solaciolum sui doloris » -> « pour apaiser quelque peu sa douleur ». En effet, la passion de Catulle pour Lesbie domine toute son œuvre lyrique. Leur relation dura environ quatre ans ; Catulle nous en raconte tout, sincère et impétueux, jusqu'au poignant adieu définitif. Lesbie parvient à jouer dans son amour, tandis que Catulle n'y arrive pas. Celui-ci, bien au contraire, souffre profondément.
Dans le poème "Luctus in morte passeris", il décrit la mort d'un moineau. Plus que la mort du moineau, c'est la mort de l'amour qui est représentée dans ce poème. Lesbie n'est d'ailleurs toujours pas l'interlocutrice du poète ; l'amour distant le fait encore souffrir, avec un lexique de la souffrance tel que « Lugete » -> « lamentez-vous » ; « Tenebricosum » -> « l'obscurité » ; « mortuus » -> « mort » qui s'oppose au lexique de l'amour : « deliciae meae puellae » -> « délices de ma belle » ; « meae puellae »-> « ma belle ».
Enfin ces derniers poèmes dédiés à Lesbie sont très violents. L'amour qu'il avait pour elle, s'est transformé en haine grâce à un lexique très dur que l'on aperçoit dans le poème "Contre une fille" avec des paroles très virulentes : « la bouche grimacière et hideuse ressemble », « Sale catin », « le front d'airain de cette chienne ».



Ainsi, l'œuvre de Catulle est en effet beaucoup influencée par ses amours. Son attachement au jeune Juventius, sa passion pour Lesbie ou encore son désespoir après la mort de son frère transparaissent dans ses poèmes. Sa poésie a inspiré de nombreux artistes tels qu’Edward Poynter dans son huile sur toile Lesbia et son moineau en 1907.


Bibliographie :
http://www.larousse.fr
http://texcier-cdi.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/catulle.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lesbia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catulle
http://www.cosmovisions.com/Catulle.htm
http://www.trigofacile.com
http://www.roma-quadrata.com
http://ugo.bratelli.free.fr/Catulle/Catulle.pdf (Usage : texte en latin et version française)




Cet exposé a été réalisé dans le cadre d’une étude sur le poète latin Catulle, par Eloïse, Eugénie et Typhaine, élèves en 1ère S.












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