La
poésie est un genre qui a traversé tous les siècles et de ce fait était déjà
présent durant l’Antiquité. Catulle est un des plus célèbres poètes de cette
époque dont une œuvre importante nous est parvenue. Sa vie a été caractérisée
par des histoires amoureuses complexes qui seront source d’inspiration. On se
demandera alors comment ses amours ont influencé son œuvre. Pour cela, nous
vous présenterons dans une première partie sa vie et ses amours de façon
succincte puis en détail, sa passion envers Lesbie et enfin, l’évocation de
Lesbie dans ces poèmes.
I)
Sa vie et ses amours
Catulle, de son nom latin Caius
Valerius Catullus, est un poète, « poeta,
ae », latin né en 87 av. J-C à Vérone sur le lac Benacus et mort vers
54 av J-C à Rome d'une tuberculose. Il a vécu principalement sous le siècle de
Cicéron et de Jules César qu'il détestait bien qu'on parle de réconciliation
avec Jules César en 54 av. J-C. Son père était l'hôte de César. Il hérita de
lui, un assez riche patrimoine. Catulle vient à Rome pour compléter son éducation. Il fut protégé par le grand
orateur Hortensius, poète lui-même, et par l'historien Cornelius Nepos, son
compatriote. Vers 60 av. J-C, il perdit son frère, « frater, ris », tendrement aimé, qui mourut en Troade, dans un
voyage dont le motif nous est inconnu. De 62 à 58 av. J-C, il vit une liaison
éprouvante avec Lesbie (Lesbia) que nous évoquerons en détail par la suite.
Parallèlement, Catulle éprouve un
amour non partagé pour un jeune Romain, Juventius, auquel il dédie également de
nombreux poèmes. On peut citer comme œuvres issues de cette inspiration : le
poème "Au jeune juventius" ou encore celui "A Juventius"
qui constituent des déclarations d’amour. « O qui flosculus es Juventiorum, / Non horum
modo, sed quot aut fuerunt / Aut posthac aliis erunt in annis » =
« O toi, la fleur des Juventius, non seulement de ceux d'aujourd'hui, mais
de tous ceux qui furent ou qui seront plus tard dans les autres années ».
« Mellitos oculos tuos, Juventi, /
Si quis me sinat usque basiare, / Usque ad millia basiem trecenta, / Nec unquam
saturum inde cor futurum est » = « Tes yeux doux comme du miel,
Juventius, s'il m'était donné de les baiser sans cesse, trois cent mille
baisers ne pourraient assouvir mon amour ».
Cependant, Juventius, lui, donne son
amour à Furius, un autre poète, ce qui met en rage Catulle. A noter que l'amour
(« amor, oris ») pour un
jeune homme est jugé ridicule voire humiliant dans la Rome antique. En 57 av.
J-C, après sa rupture avec Lesbie, Catulle part en Bithynie nourrir une brève
période militaire avec son ami Memmius.
Son œuvre est majoritairement
composée de pièces lyriques évoquant ses amours tumultueuses avec Lesbie et de
poèmes érudits comme Les Noces de Thétis et de Pélée ou encore La Chevelure de Bérénice. Le poète est
aussi l'auteur de pièces érotiques d'une très grande vulgarité et de poèmes
d'amour sensibles parlant par exemple de la mort de son frère. Il a écrit 116
poèmes et le plus long compte 400 vers. Influencé par l'alexandrinisme (= ensemble des mouvements
intellectuels artistiques de la
civilisation d'Alexandrie entre le IIIe siècle avant J.C. et le IIIe siècle après), son œuvre s'inscrit dans
différents genres : l’épigramme (= courte pièce de vers d'intention satirique
qui se termine par un trait piquant), l’élégie
(= petit poème lyrique sur un sujet le plus souvent tendre et triste) et
l’idylle (= petit poème chantant ordinairement l'amour dans un décor pastoral).
La vie de l'auteur est faite de bonheurs et de désillusions, hantée par le sentiment
de l'inéluctabilité de la mort.
II)
Son histoire d'amour complexe
avec Lesbie
De 62 à 54 avant Jésus-Christ,
Catulle va avoir une liaison avec Lesbie qui lui inspirera beaucoup de ses
poèmes comme nous l’avons dit précédemment. Lesbie est en réalité connue sous
le nom de Claudia. Elle est issue de la gens des Claudii, une des plus
anciennes et des plus renommées familles de Rome. Elle serait l'épouse du
consul Quintus Metellus Celer et la sœur de Clodius Pulcher, un homme politique
romain, démagogue (courant politique dans lequel les dirigeants mènent le
peuple en le manipulant pour s'attirer ses faveurs, par exemple en utilisant
des discours flatteurs) et adversaire de Cicéron.
Selon Apulée, un auteur africain
ayant vécu de 125 à 170 après J-C, « Lesbia » serait en réalité un
nom de plume inventé par Catulle et donné à sa maîtresse en l'honneur de la
poétesse grecque Sappho qui vivait sur l'île de Lesbos, où elle tenait une école
pour femmes qui apprenaient l'érotisme et la poésie.
Claudia est suspectée d'avoir
empoisonné son mari, d'avoir eu plus de 300 amants et d'avoir entretenu une
relation incestueuse avec son frère, une pratique non courante mais plus ou
moins tolérée à cette époque. En 63 avant Jésus-Christ, Claudia épouse Metellus
Celler, gouverneur de la Gaulle qui meurt l'année suivante.
Cette femme est célèbre à Rome de par
sa beauté et ses mœurs libertines. Elle tient à Rome un salon que la plupart
des politiques et des intellectuels de l'époque fréquentent. Catulle rencontre
Claudia dans le monde aristocratique qu'il fréquente à Rome. Bien qu'elle soit
mariée, il s'en accommode ainsi que de ses infidélités passagères. Lorsqu'il
perd son frère, Catulle souffre de l'indifférence de Claudia face aux
évènements. Cependant, il arrive un moment où il ne peut plus supporter ses
rivaux. En effet, lorsqu'il apprendra les trop nombreuses conquêtes de sa maîtresse,
il ne le lui pardonnera jamais et la maudira.
Catulle a consacré environ la moitié
de son œuvre à cette femme, écrivant des poèmes, parfois élogieux, parfois injurieux
afin de critiquer son amante l'ayant déçu. Les sentiments qu'un homme pouvait
nourrir à l'égard d'une femme avaient, chez les Romains, quelque chose de
ridicule, de dégradant, voire d'humiliant. La relation homme-femme était le plus
souvent conçue dans une perspective de procréation et revêtait souvent un
caractère vénal. La passion amoureuse était presque, pour ainsi dire, indigne
d'un homme libre et d'un citoyen romain. De plus, Catulle aimait aussi bien les hommes que les
femmes.
Claudia n'était pas non plus aimée de
Cicéron qui la surnomma Quadrantaria
(petite pièce de bronze, la plus petite monnaie du monde romain). En effet, il
aurait dit : « On donnait à Claudia le surnom de Quadrantaria, parce qu'un de
ses amants lui avait envoyé, dans une
bourse, de petites pièces de cuivre, au
lieu de pièces d'argent. Or, les Romains appellent quadrans la plus petite de leur monnaie de cuivre», Cicéron,
Plutarque, 28. Cicéron va même jusqu'à dire que c'est une prostituée de bas
étage.
III)
L'évocation de Lesbie dans ces
poèmes
Catulle étale sa passion au grand
jour, le plus souvent inassouvie et malheureuse : il ne manque ni de courage,
ni du sens de la provocation. C'est en ce sens qu'on peut le considérer comme
un précurseur du genre élégiaque : forme de poème dans l'Antiquité, avant de
devenir un genre poétique à partir de la Renaissance. L’adjectif élégiaque
s’emploie pour qualifier un ton, un thème, un poème plaintifs ou mélancoliques.
De plus, Catulle fait partie d'un
mouvement de jeunes poètes qui ont renouvelé la poésie. A noter que Cicéron
n'apprécie pas les poètes novateurs qu’il appelle les « neôteroi » en grec, c'est-à-dire « les petits jeunes ». C'est ainsi
que le mouvement du néotérisme est né, ces poètes se dénommant alors « Poetae Noui ».
Catulle est considéré comme un poète
lyrique. Il atteint les sommets de l'art par un mélange de violence et de
douceur, d'injures et d'éloges, tout en restant sincère.
Catulle a réuni ses poèmes dans un
recueil qu'il a dédié à Cornélius Népos. Ce recueil comprend trois parties: la
première renferme de courtes pièces sur des sujets divers, tendres, passionnés,
violents, sarcastiques; la deuxième comprend les grands poèmes, épiques ou
élégiaques. Enfin, la troisième partie contient une quarantaine d'épigrammes.
L'amitié joue un rôle prépondérant
dans toute l'œuvre de Catulle. Il est, en effet, très attaché à Lesbie, le
premier amour de sa vie, à son frère, sur le tombeau duquel il se recueillera
lors de son propre voyage à Troie, et à ses amis. Or, ces amours sont souvent soldés
par des échecs : Lesbie le trompe, son frère meurt et ses amis le déçoivent.
Cette souffrance transparaît dans la grande majorité de ses poèmes.
Dans ses poèmes on peut voir,
l'évolution de son amour pour Lesbie, avec premièrement le poème "Ad
Lesbiam" qui décrit son amour pour Lesbie. Dans ce poème, il y a une
description hyperbolique de son amour pour Lesbie avec des mots tels que « atque amenus » →
« nous aimer » ; « basia mille
» →
« mille baisers ». Il décrit également son amour charnelle avec Lesbie,
mais parle aussi beaucoup de la critique qu'il peut recevoir par rapport à sa
relation avec Lesbie, et selon lui il faut profiter avant que la fin n'arrive (« Carpe
Diem »). Les six premiers vers constituent une philosophie épicurienne,
avec une réflexion, tandis que les vers 7 à 13 inclus sont une invitation plus
« concrète » à des gestes d’amour. On peut voir dans ce poème les principaux
sentiments qu'éprouvent Catulle pour Lesbie, sentiment d'amour et de jalousie
qui luttent entre eux.
Ensuite dans un second poème, on
peut voir qu'à travers une métaphore animale, Catulle décrit son amour pour
Lesbie. Notamment dans le poème "Fletus passeris Lesbiae" avec des
expressions telles que « deliciae
meae puellae » -> « plaisir de ma maitresse », « Et solaciolum sui doloris » -> « pour
apaiser quelque peu sa douleur ». En effet, la passion de Catulle pour
Lesbie domine toute son œuvre lyrique. Leur relation dura environ quatre ans ;
Catulle nous en raconte tout, sincère et impétueux, jusqu'au poignant adieu
définitif. Lesbie parvient à jouer dans son amour, tandis que Catulle n'y
arrive pas. Celui-ci, bien au contraire, souffre profondément.
Dans le poème "Luctus in morte
passeris", il décrit la mort d'un moineau. Plus que la mort du moineau,
c'est la mort de l'amour qui est représentée dans ce poème. Lesbie n'est
d'ailleurs toujours pas l'interlocutrice du poète ; l'amour distant le fait
encore souffrir, avec un lexique de la souffrance tel que « Lugete » -> « lamentez-vous »
; « Tenebricosum » -> « l'obscurité »
; « mortuus » -> « mort »
qui s'oppose au lexique de l'amour : « deliciae
meae puellae » -> « délices de ma belle » ; « meae puellae »-> « ma belle ».
Enfin ces derniers poèmes dédiés à
Lesbie sont très violents. L'amour qu'il avait pour elle, s'est transformé en
haine grâce à un lexique très dur que l'on aperçoit dans le poème "Contre une
fille" avec des paroles très virulentes : « la bouche grimacière et
hideuse ressemble », « Sale catin », « le front d'airain de
cette chienne ».
Ainsi, l'œuvre de Catulle est en
effet beaucoup influencée par ses amours. Son attachement au jeune Juventius,
sa passion pour Lesbie ou encore son désespoir après la mort de son frère
transparaissent dans ses poèmes. Sa poésie a inspiré de nombreux artistes tels qu’Edward
Poynter dans son huile sur toile Lesbia
et son moineau en 1907.
Bibliographie :
Bibliographie :
http://www.larousse.fr
http://texcier-cdi.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/catulle.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lesbia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Catulle
http://www.cosmovisions.com/Catulle.htm
http://www.trigofacile.com
http://www.roma-quadrata.com
http://ugo.bratelli.free.fr/Catulle/Catulle.pdf (Usage : texte en latin et version française)
Cet
exposé a été réalisé dans le cadre d’une étude sur le poète latin Catulle, par
Eloïse, Eugénie et Typhaine, élèves en 1ère S.
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